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« Nevers Agglo ça me botte » n°10

Découvrez le « Nevers Agglo ça me botte » n°10

Avril-Mai-Juin 2024

Nevers

Nevers, une ville médiane tournée vers l'avenir.
"Nevers. [...] Bâti comme une capitale. Un enfant peut en faire le tour", Hiroshima mon amour, Marguerite Duras.

La porte sud de la Bourgogne

 

Préfecture de la Nièvre, Ville d’art et d’histoire, Nevers, ville de 33 000 habitants, émerveille par la diversité et la richesse de son patrimoine.

L'évangélisation de la ville débute au IIIe siècle. Trois cents ans plus tard, la ville devient un évêché. Fortifiée dès 1194, elle voit l'édification, en 1467, de ce que certains considèrent comme le "premier château de la Loire". Devenue ducale, à partir de 1538, la cité neversoise fonde en partie son développement sur la faïence lorsqu'elle est acquise par Mazarin au milieu du XVIIe siècle.

Désenclavée par le chemin de fer et le canal latéral à la Loire, la ville s'abandonne au style hausmannien fin XIXe siècle.

Profondément meurtrie à la Libération, comme en témoigne le film d'Alain Resnais Hiroshima mon amour, Nevers a su restaurer son charme d'antan, faisant de la déambulation dans ses ruelles une authentique croisière chronologique. Car en effet, au fil des rues où tous les styles architecturaux sont représentés, vous serez surpris de découvrir chapelles, églises, maisons à pans de bois et hôtels particuliers datant du XIe au XXe siècle.

Quand les pierres nous parlent d’histoire

 

Le Palais ducal, premier château de la Loire édifié au XVe siècle, reste le témoin du prestigieux passé de la ville et abrite aujourd’hui l’office de tourisme, tandis que la Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte et ses vitraux contemporains, se dresse majestueusement sur la butte historique, face à la Loire.

La faïence : l’Or bleu de Nevers

 

Véritable symbole de la ville, la faïence apparaît à Nevers vers la fin du XVIe siècle. A l’écoute de toutes les modes, Nevers interprétera de multiples décors. Le « bleu de Nevers », étoile d’une palette de couleurs limitée par le mode de cuisson, concourra à sa renommée. Aujourd’hui encore, des ateliers perpétuent la tradition en créant des décors et des formes anciennes, mais aussi très contemporaines, que l’on peut admirer notamment au musée de la Faïence et des Beaux-arts Frédéric-Blandin.

Sur les pas de Sainte-Bernadette

 

Enfin, la venue de Bernadette Soubirous à Nevers, dont la ville a fêté le 150e anniversaire en 2016, donne incontestablement une dimension internationale à la cité ducale, puisque son corps retrouvé intact, repose dans la chapelle du couvent Saint-Gildard, et fait l’objet de nombreux pèlerinages.

La Loire et ses abords

 

Le quai de Médine

"L'ancien port de Médine était le grand chantier des mariniers de Nevers. Il y a la Nièvre qui arrive ici et d'autres ruisseaux comme la Motte et l'Eperon. C'est le port de débarquement naturel des bateaux qui descendent le fleuve et le port naturel des forges de Guérigny. Près de 200 familles de mariniers pêcheurs, charpentiers de bateaux, baliseurs, crocheteurs, péagers, lavandières et petits métiers habitent ce quartier populaire, entre la Loire et la Nièvre.

C'est Babaud de la Chaussade qui fera construire le port sur la presqu'île de Médine pour développer son industrie métallurgique. Mais des ancres et des chaînes, il n'en partira bientôt plus et les crues finiront de saper les berges du port et le moral des derniers mariniers.

C'est par Médine qu'on aborde la ville en bateau et c'est ici, près de la base de canoë, que l'on peut mouiller. Car le pont de Nevers est infranchissable en bateau.

Aujourd'hui, il n'y a plus de port de Médine, mais une porte, dans la levée. Une porte d'acier dont on ferme les vantaux quand les eaux du fleuve montent pour éviter que la ville basse n'ait les pieds dans l'eau, ou pour en retarder l'échéance."

Le quai des Mariniers

"Longtemps la rivière a charrié toutes les marchandises lourdes, encombrantes, précieuses et fragiles de la région du Nivernais aux quatre coins du pays. La ville s'est développée sur la butte, au bord de cette manne naturelle. Le commerce intérieur a longtemps passé essentiellement sur les eaux marchandes de la Loire et sur les routes qui l'enjambaient... La richesse était au pied du pont et sur le pont.

À l'aval, le quai de pierre, encombré, attend les bateaux pour le chargement. Quand le fleuve est porteur, des rangées de bateaux y sont mouillés, côte à côte, à touche-touche, rebondis de trésors de marchandises. On se presse, l'afflot n'attend pas. La rivière brasse ici du vin, du charbon, du fer forgé et du fer blanc, des canons, des ancres, des cordes à violon, des poteries, des sangsues, des verres, des pierres, des émaux, des faïences... et des voyageurs. Le quai des Mariniers n'a pas vraiment de cale et offre peu d'accès pour les animaux. Il a été conçu pour du très lourd, au plus vite et au moins cher.

Du quai des Mariniers, il y a un bac pour passer les voyageurs et les habitants de la campagne quand le pont est à terre. Et il est souvent à vau-l'eau. Les bacs ravitaillent la ville. On prélève les petits boisseaux, des proportions de marchandises en fonction... de la marchandise. Il n'y a pas de petit profit. La route de Lyon date de 1606. Les revenus de Nevers dès le XIVe siècle consistent beaucoup dans le péage de la Loire, ainsi que dans le pontonage et le barrage..."

La Nièvre

"La petite rivière qui donne son nom au département, court sur une cinquantaine de kilomètres à travers la forêt des Bertranges et les prairies nivernaises jusqu'à Nevers... À son arrivée sur Nevers, elle est délestée de ses humeurs par le petit canal de dérivation, jusqu'en Loire. Le ruisseau qu'il en reste passe dans la partie basse de la ville, jusqu'à disparaître sous les anciens pâtis des mariniers, des Maisons des sports et de la culture, vers les grilles de la station d'exhaure au pont Malplacé, où elle tombe dans les eaux du fleuve. Une confluence placée près de l'arche marinière du pont de pierre et qui crée une perturbation propre à gêner la course des bateaux s'engageant sur le pont. À cette station de pompage, on y pompe l'eau de la Nièvre quand celles de Loire montent au-dessus afin de ne pas inonder le val de Nièvre."

D'après Alain Haye, Stéphane Jean-Baptiste, Voyage en Loire nivernaise de Saint-Hilaire Fontaine à Neuvy, La Fabrique, 2003.

► Le chemin du Ver-Vert

► L'île aux sternes

 

Le canal latéral à la Loire, un trait d'union au long cours

 

"Une nature sauvage et une physionomie changeante octroient à ce fleuve son caractère quasi-indomptable. Ceci explique la mise en service, en 1838, d'un canal latéral afin de pouvoir utiliser l'élément aquatique comme moyen de transport pour les personnes et les marchandises. Durant quatre jours de navigation sur 196 km ponctués d'une quarantaine d'écluses, il reliait historiquement Vitry-en-Charolais en Saône-et-Loire à Briare dans le Loiret. Pour s'adapter aux exigences du terrain, cette réalisation d'envergure fut équipée de ponts-canaux dont les remarquables du Guétin (1837), puis de Briare (1896). Doté du gabarit Freycinet, relié au vaste réseau des canaux de France et assurant un fret annuel de près d'un million de tonnes à la fin du XIXe siècle, il généra l'essor économique de nouvelles cités batelières à l'instar de Marseilles-lès-Aubigny ou de Saint-Satur. Leurs ports fluviaux, reliquats de cette époque, font aujourd'hui la joie des plaisanciers avertis."

D'après Olivier Scagnetti, La Loire à vélo de Nevers à l'Atlantique, Chamina Edition, collection "Grands itinéraires à vélo", 2015.

En savoir plus

Bibliographie

  • Alain Haye, Stéphane Jean-Baptiste, Voyage en Loire nivernaise de Saint-Hilaire Fontaine à Neuvy, La Fabrique, 2003.
  • Olivier Scagnetti, La Loire à vélo de Nevers à l'Atlantique, Chamina Edition, collection "Grands itinéraires à vélo", 2015.