Un inventaire détaillé de la biodiversité à Jean-Gautherin
L’instauration du zéro phyto…
Depuis 2016, la Ville de Nevers a fait le choix d’anticiper la fin de l’utilisation des produits phytosanitaires pour l’entretien de ses espaces verts et « lieux de vie » accessibles au public, dont les cimetières, en conformité avec la Loi Labbé entrée en vigueur partout en France le 1er janvier 2017.
Adieu paysages lunaires sans un brin d’herbe à l’horizon, bienvenue désormais à une flore à la fois spontanée et maîtrisée grâce aux interventions programmées par le service Espaces verts au sein des deux cimetières et donc, à une petite faune affiliée et essentielle.
… et ses conséquences positives sur la biodiversité
Les enjeux sont désormais liés : la préservation de la biodiversité va de pair avec la santé des usagers et des agents municipaux, et les bienfaits du zéro phyto ne sont plus à démontrer : limitation des ravinements par temps de pluie, apport de fraîcheur par temps de grande chaleur, diminution de la pollution, amélioration des continuités écologiques, etc.
Un premier inventaire partiel de la flore et la faune avait été réalisé en juillet 2018 par la société Biotope. Ce deuxième inventaire réalisé par une étudiante stagiaire au sein du LPI de la Ville de Nevers s’est intéressé à 4 zones correspondantes aux tranches d’aménagement du cimetière, réparties sur une surface de près de 9 Ha.
Ce qu’il faut retenir de ce deuxième inventaire
Pour Lorine Moussy et Valéry Chambenois, chargé de mission Développement durable au sein du LPI, « les efforts de gestion du service Espaces verts combiné à l’arrêt des produits phytosanitaires portent leurs fruits », grâce notamment aux fauches tardives et aux plantations de prairies fleuries, véritables sources de nourriture pour les pollinisateurs, ces insectes essentiels, rappelons-le, au bon fonctionnement des écosystèmes, notamment pour leur contribution à la formation des fruits et des légumes.
En comparant par ailleurs les espèces de plantes présentes selon les différentes tranches d’aménagement du cimetière (voir la rubrique En savoir plus ci-bas), le constat est fait par Lorine que « la biodiversité végétale et donc animale est plus présente dans le « bas » du cimetière, c’est-à-dire là où l’arrêt des produits phytosanitaires est le plus ancien ».
Du côté de la flore, on retrouve des îlots riches en biodiversité avec la présence de plantes caractéristiques des prairies fleuries : pavots de Californie, coquelicots, achillées millefeuilles, camomilles des teinturiers, vipérines ou encore verveines rouges. Des espèces capables d’attirer de nombreux insectes sont également très présentes : trèfle, lotier, géranium ou la très utile cymbalaire des murs, plante aux petites fleurs violettes qui se plaît généralement entre les tombes et qui empêche les « mauvaises herbes » de pousser.
Des espèces servant de véritables « hôtels naturels » à insectes, appelées « plantes-hôtes » ont été également recensées comme le lierre grimpant, le plantain lancéolé, le laiteron potager, mais aussi le pissenlit et la violette odorante qui constituent de véritables garde-manger pour les oiseaux.
Si une espèce patrimoniale rare en Bourgogne a été recensée avec la cotonnière d’Allemagne, les espèces invasives sont malheureusement bien présentes : raisin d’Amérique, renouée du Japon, vergerette du Canada, ailante glanduleux, ou encore envahissante comme le buddleia.
Du côté des oiseaux justement, 13 espèces dont 8 protégées ont été identifiées dont une première ! le martinet, une présence de bon augure qui signifie que la nourriture est suffisamment abondante pour les attirer. On retrouve également les plus fréquents rouges-queues noirs et moineaux.
Pas de surprise au niveau des reptiles : les lézards sont bien représentés au sein du cimetière.
Du côté des insectes, la diversité est de mise avec la présence de sauterelles, de papillons (machaon, petite tortue, argus bleu), mais aussi les indispensables pollinisateurs : abeilles domestiques, abeilles solitaires et syrphes notamment.
À l’issue de ce travail fourni et conséquent Lorine conclut : « Ce cimetière commence à devenir fonctionnel pour la biodiversité. Il faut continuer à le gérer de la sorte et à l’améliorer pour qu’il devienne, à terme, une réserve à biodiversité. »