Nichoirs sur rues, plaines et parcs

Une journée perchés dans les hauteurs
Tout commence à la plaine des Senets sous une pluie battante. Rien n'est laissé au hasard niveau sécurité. Bien harnachés, Romain Gelos de la Mela, accompagné par Geoffrey Mainchin du service Logistique, s'élèvent à près de 7 m de hauteur, grâce à la nacelle de la Ville, afin d'installer un premier nichoir à chouette effraie dans un cèdre, sous l'œil attentif de son collègue Frédéric Brossard et de Valéry Chambenois, chargé de mission Développement durable à la Ville.
L'abri, réalisé par les services techniques municipaux, est impressionnant, tant par sa taille : environ 1 m de long, par 60 cm de profondeur par 50 cm de hauteur, laissant une ouverture de 12 cm par 18 cm pour les rapaces, et son poids : 12 à 13 kg ! L'opération, qui dure plus d'1 heure, s'avère délicate pour trouver l'endroit idéal, installer en toute sécurité le nichoir et ne pas casser les branches du vénérable conifère.
Une fois l'affaire terminée, rendez-vous au parking Pierre-Bérégovoy pour l'installation toujours en hauteur et avec nacelle de 3 gîtes à chauve-souris (voir le dernier paragraphe). Beaucoup plus petits et plus légers, les gîtes sont fixés à plus de 5 m de haut sur le grillage servant aux plantes grimpantes.
Autre grande opération de cette journée, l'installation d'un nouveau nichoir à chouette effraie, promenade des Remparts, non loin de l'entrée du musée de la Faïence et des Beaux-arts juste derrière l'École nationale des finances publiques. Cette fois, c'est un frêne qui est choisi et la manœuvre s'avère toujours aussi complexe et longue que celle menée dans la matinée. Puis, reste à installer toutes sortes de nichoirs dans la fin de journée : un nichoir à chouette hulotte au square Virlogeux et un nichoir à faucon crécerelle vers le passage de la Pisserotte, non loin des pelouses des bords de Loire.
La prochaine étape d'installation est fixée début janvier avec le canal de dérivation qui devient un nouveau lieu d'implantation, et toujours la plaine des Senets pour les nichoirs à oiseaux. 2 gîtes à hérisson vont être également installés à l'essai au parc Roger-Salengro et au parc Rosa-Bonheur.
L'oiseau, prince de Nevers
En 3 ans déjà, ce sont 62 nichoirs à oiseaux ont été installés sur 18 sites sélectionnés par la ville (voir page L’accueil de la petite faune en ville). Ces opérations sont menées par la Ville, en collaboration étroites avec la Mela (Maison de l'environnement entre Loire et Allier) et en concertation avec la LPO 58 (Ligue de protection des oiseaux). « Cette nouvelle phase d’installation répond à la volonté de l’équipe municipale de poursuivre l’accueil de l’animal et de la biodiversité en ville », précise Anne Wozniak, adjointe en charge de l’Environnement naturel et de l’urbanisme.
Intégralement conçus par les régies techniques municipales (Menuiserie et Serrurerie) selon les plans fournis par la LPO, ces nichoirs sont adaptés à la morphologie de chaque espèce d’oiseaux et ensuite installés par la Mela, entre 3 et 7 mètres de hauteur. Surtout, ils prouvent leur utilité puisque le taux d’occupation était de 72 % en 2019. Par le truchement de Romain Gelos, la Mela mène d’ailleurs un travail conséquent et précieux d’inventaire, d’analyse, de suivi des espèces en présence et d’entretien de l’ensemble des nichoirs depuis 2018.
En cette fin d'année, ce sont 55 nouveaux nichoirs qui ont été installés partout dans la ville, élargissant le panel d’oiseaux ciblés jusqu’à présent. Pour mémoire et jusqu'à présent, les mésanges, les chouettes hulottes et les huppes fasciées.
Ainsi, le nouveau « parc locatif » ornithologique neversois vient de s'enrichir de 2 nichoirs pour faucons crécerelles, 2 nichoirs pour chouettes effraies, 6 pour des troglodytes mignons, 6 pour grimpereaux des jardins, 6 pour sittelles, 6 pour merles, 2 pour moineaux et 15 pour rouges-queues et rouges-gorges.
2 nouveaux nichoirs pour chouettes hulottes, 5 pour mésanges charbonnières et 3 pour mésanges bleues sont venus compléter le parc des nichoirs « historiques ».
Pour cette dernière espèce, véritable auxiliaire de gestion des espaces verts, « l’objectif est de densifier leur présence afin de réguler la population de la chenille processionnaire du chêne, là où c’est nécessaire », explique Valéry Chambenois, au sein du Laboratoire des projets et des innovations. Une population responsable de nombreux maux ; affaiblissement et vulnérabilité des chênes, mais aussi urtications très sérieuses qui peuvent se prolonger toute l’année et au-delà chez les personnes allergiques et les animaux.
Des nichoirs, pour quoi faire ?
La raison d’être de ces nichoirs ? Le manque de strates végétales et d’abris dignes de ce nom en milieu urbain, comme les vieux troncs ou les vieilles bâtisses. « Les nichoirs sont là pour compenser les habitats naturels peu présents en ville », indique Valéry Chambenois, même si la déminéralisation des espaces urbains, donc la présence du végétal, est en bonne voie depuis quelques années pour attirer à nouveau le cortège des insectes pollinisateurs et les oiseaux.
Favoriser la biodiversité chez soi
Pour les particuliers qui souhaitent favoriser la biodiversité dans leur jardin, le conseiller Développement durable rappelle quelques petites actions de bon sens comme créer des haies diversifiées en y intégrant des espèces locales, conserver un ou deux îlots d’herbe non tondus (à couper mi-octobre), regrouper un lot de pierres sèches au soleil, installer un petit trou d’eau au fond du jardin, disposer un petit tas de bois le long de la haie, planter quelques arbres fruitiers, etc. Un guide des « bonnes pratiques » au jardin et dans l'espace public à destination des Neversois est d’ailleurs en cours de construction.
Des nouveaux hôtes
Autres prétendants à l’hospitalité : les hérissons, avec 2 abris actuellement en test, et les chauves-souris du parking Pierre-Bérégovoy qui bénéficient à présent de 3 gîtes dédiés. Levez bien la tête, un pochoir chauve-souris vous indiquera leur présence et vous découvrirez prochainement un panneau pédagogique expliquant l’utilité de ces mangeuses de moustiques et de carpocapses (insectes se nichant à l’intérieur des pommes et des poires).