Des moyens renforcés face à la vague de la précarité

A l’ASEM (Les Acteurs solidaires en marche, régie de quartiers de Nevers), la lutte contre la précarité est un sport de combat qui demande un moral en acier trempé. « Parfois, j’ai l’impression de lire du Zola. On se demande comment les gens peuvent encore tenir debout », confiait la directrice, Nathalie Moreau, jeudi 6 janvier, en attendant l’arrivée de Brigitte Klinkert, ministre déléguée à l’insertion. « La précarisation est de plus en plus ancrée, et on en sort de moins en moins facilement. Les problèmes de logement, de santé, de mobilité, etc. sont des freins qui compliquent le retour à l’emploi. Et il y a un énorme problème de confiance en soi. »
Pour recoller ces trajectoires individuelles, l’ASEM monte en puissance en multipliant les projets : épicerie, boutique, garage, nettoyage, maraîchage, etc. « Nous serons environ 100 dans quelques semaines, dont 75 CDD d’insertion. Il y a deux ans, nous étions 60 », détaille Nathalie Moreau. Le plan de relance pour l’inclusion, lancé mi-2020, a donné à l’association des moyens inespérés : « C’est un boost réel pour le développement de nos projets, comme la micro-épargne ou l’aide à la mobilité par l’achat de véhicules. On va réaliser en moins de deux ans ce qu’on aurait fait en cinq ou six ans. »
C’est pour « voir les résultats du plan de relance pour l’inclusion » que Brigitte Klinkert s’est déplacée dans la Nièvre (1), visitant le Lien à Langeron avant de rallier Nevers pour une longue plongée dans les activités de l’ASEM, suivie d’une rencontre avec les responsables du Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO), dans le quartier de la gare : « Je viens voir ce qui se fait de bien et de novateur. Je suis ministre mais je suis aussi une élue locale, je crois aux initiatives des territoires, que l’on peut faire essaimer. »
Dans le département, le plan de relance pour l’inclusion s’est traduit en chiffres éloquents : « 1,4 M€ versés et 202 emplois créés », précise Brigitte Klinkert. Non seulement les 500 M€ programmés visent à aider les acteurs de l’insertion à traverser la crise, mais ils ont également pour vocation de faire passer le nombre de contrats d’insertion « de 180 000 à 290 000 » d’ici la fin 2022. « 75 000 emplois ont déjà été créés », souligne la ministre : « On arrive à trouver des solutions pour ceux qui sont éloignés de l’emploi. Il faut maintenant consolider ces postes. La crise a changé les choses, de nouvelles solidarités émergent ; des chefs d’entreprise, parfois à la tête de grands groupes, expriment désormais le souhait d’intégrer des personnes en insertion ou en situation de handicap, car cela change l’état d’esprit dans leur entreprise. »
Après s’être longuement entretenue avec les salariés en insertion de l’ASEM, prodiguant à chacun les "checks" énergiques et les paroles empathiques, Brigitte Klinkert a abordé l’insertion par le versant glissant du logement, au SIAO. Bruno Lepinte, président du groupement de coopération sociale et médico-sociale Alter Egaux 58 (2), Camille Chaurand, directrice de l’association PAGODE, et Sophie Lacour-Fauchon, cheffe de service éducatif, ont présenté l’activité du SIAO, qui a explosé avec la crise sanitaire : 397 ménages l’ont sollicité en 2019, 591 en 2020 et 525 en 2021.
« La force de la Nièvre », a souligné Bruno Lepinte, « c’est le travail en partenariat avec l’ensemble des acteurs associatifs, les collectivités locales et les services de l’Etat. » Une union sacrée saluée par la ministre : « L’Etat ne peut pas tout faire tout seul. Grâce à la mobilisation collective, avec les élus et les associations, nous devons faire en sorte de ne laisser personne au bord du chemin. »