De l’utilité des nichoirs en ville

Un suivi scientifique annuel
L’hospitalité envers la petite faune est incontestablement un cheval de bataille de la Ville de Nevers, conseillée et épaulée dans cette mission par la LPO 58 (Ligue de protection des oiseaux) et la Mela (Maison de l’environnement entre Loire et Allier). La première veille aux plans de gestion instaurés jusqu’en 2022 au parc Rosa-Bonheur et au parc du Château des Loges, dans le cadre du programme « Refuge LPO ». La deuxième, par le truchement de Romain Gelos, mène un travail conséquent et précieux d’inventaire, d’analyse des espèces en présence et d’entretien de l’ensemble des nichoirs depuis deux saisons. Ce dernier explique la procédure : « Une fois par an, nous réalisons une inspection des nichoirs qui sont alors vidés, nettoyés, analysés et désinfectés, avec un produit recommandé par la LPO 58, afin d’éviter la transmission des maladies pour les 2 à 3 couvées qui vont se succéder entre avril et juillet. Le suivi scientifique et le système d’évaluation souhaités par la Ville permettent d’observer l’efficacité du dispositif et de rajuster l’installation des nichoirs en cas de nécessité. »
Des nichoirs "faits maison" pour toutes sortes d'espèces
À Nevers, depuis 2017 donc, trois types de nichoirs à oiseaux ont été installés sur 18 sites sélectionnés et répartis comme suit : 55 pour les mésanges, trois pour les huppes fasciées et quatre à destination des chouettes hulottes. Il existe également deux nichoirs à écureuils et plus récemment, deux nichoirs à chauves-souris. L’intégralité a été réalisée par le service menuiserie de la Ville, à partir de cœur de douglas, un résineux local qui a l’avantage d’être durable et résistant. Ils ont été peints à l’ocre de Saint-Amand-en-Puisaye, une peinture inoffensive pour les oiseaux, qui a l'avantage de renforcer leur résistance face aux intempéries et à l'usure. Les toits ont quant à eux été réalisés par le service serrurerie de la Ville.
Un taux d'occupation plutôt bon, une surmortalité des oisillons constatée en 2019
Si le taux d’occupation des nichoirs a été bon pour l’année 2019, 70 % tout oiseau confondu, voire très bon chez les mésanges (80 %), pour Valéry Chambenois, éco-conseiller au Bureau d’études de la Ville de Nevers, cela révèle en creux les difficultés rencontrées par les oiseaux des villes à trouver « dans leur milieu naturel des endroits suffisamment adaptés, comme les vieux arbres ou les cavités des murs ». Cela démontre surtout « la réelle utilité des nichoirs », souligne-t-il.
Moins bonne nouvelle, le taux de mortalité des oisillons a été très élevé cette année : « 59 % des nids comportaient entre 1 à 5 oisillons morts, contrairement à 2018 où 2 nids seulement avaient été touchés », explique Romain Gelos. Parmi les hypothèses avancées, les fortes chaleurs qui ont raréfié les insectes, sources de nourriture. Les décès semblent en revanche moins nombreux dans les parcs à forte biodiversité, comme c’est le cas des deux Refuges LPO.
Un parking pour accueillir oiseaux et chauves-souris
Depuis janvier, un 19e site est venu s’ajouter à la liste des lieux ayant vocation à accueillir la petite faune urbaine. Il s’agit du parking Pierre-Bérégovoy. « C’est une première pour un chantier de travaux publics porté par la Ville d’intégrer la thématique de la biodiversité », précise Valéry Chambenois. Lors de ces travaux, une trentaine de cavités naturelles, vestiges des solives et poutres de l'ancien cinéma Le Palace, ont été découvertes et conservées, afin de perpétuer la nidification des oiseaux. Enfin, deux nichoirs à pipistrelles (chauves-souris communes) ont également été intégrés dans un des murs du parking.
L’implantation des nichoirs à destination de nouvelles espèces cibles est en cours de réflexion. Affaire à suivre…