Dans les coulisses de la Maison des spécialistes (5/7)

Qu’on ne parle pas de désertification médicale à Patrick Bouillot, fondateur de la Maison des spécialistes ouverte en 2017, avenue Colbert : « On est en sous-densité médicale. Désertification, c’est un mot repoussoir ; qui a envie de s’installer dans un désert ? » Soigner l’attractivité a pourtant été l’un des moteurs du projet, sans précédent à Nevers, du médecin diabétologue et de ses confrères jusqu’alors disséminés en ville : « Nous avions plusieurs objectifs tels qu’offrir une organisation moderne qui attire les jeunes médecins, et favoriser le temps médical en nous enlevant les tâches administratives qui nous accaparaient. C’était aussi un moyen de donner une meilleure lisibilité à l’offre de soins. »
Avec ses dix praticiens, la Maison des spécialistes a fait le plein ; il lui reste à « accoucher » de la seconde moitié du projet, la plus innovante : un « centre de ressources » dans lequel tous les médecins spécialistes de la Nièvre pourront accéder au centre d’éducation thérapeutique pluridisciplinaire, « qui permettra aux malades chroniques d’être acteurs de leur traitement ». Ce pôle favorisera aussi l’essor de la télémédecine : « Il y a également un studio pour loger des médecins remplaçants. Nous avons voulu tout mettre en place pour l’accueil des jeunes dans un environnement attractif. »
Loin d’être défaitiste, Patrick Bouillot ne se résigne pas à la fatalité géographique qui a placé le Morvan entre Dijon et Nevers, pas plus qu’il ne digère le « loin des yeux loin du cœur » qui prévaut en faculté de médecine, et plus largement « l’état d’esprit des universités qui n’ont pas conscience du problème ». Raison de plus pour observer d’un bon œil la création du Parcours d’accès spécifique santé (Pass) à Nevers, à la rentrée 2020 : « C’est un petit pas dans la bonne direction. C’est comme une maison, on construit brique par brique. »
En architecte et maître d’œuvre des actions collectives, il s’est lancé, avec le médecin généraliste Xavier Buchholtz, dans un autre projet d’envergure, la Communauté professionnelle territoriale de santé qui couvrira l’agglomération de Nevers et le sud de la Nièvre. L’objectif est limpide et ample : « Améliorer la prise en charge du patient », résume Patrick Bouillot, « en travaillant sur des missions socles telles que l’organisation des soins non-programmés, la fluidification du parcours de soin, la recherche d’un médecin traitant pour chacun, la prévention, etc. C'est un vrai projet de santé pour faire bouger la Nièvre. »
Sébastien Chabard